La coccinelle est un insecte que la plupart d’entre-nous adore. Qui ne sourit pas presqu’instinctivement à la vue de cette sympathique petite bestiole à la robe rouge décorée de poids noirs ? Elle nous attendrit et est synonyme de gaité. Fleurs bleues et coccinelles…

Là où la Ford T représente la démocratisation de l’automobile grâce au principe de la production en série, la Volkswagen Coccinelle est la personnification idéale de tous les attributs d’une charmante coccinelle. Avec la Coccinelle, la voiture représente autre chose qu’un statut ou des prouesses techniques, elle devient attachante et sympathique auprès de l’opinion publique. Sur ce créneau des voitures économiques, enclenché début des années 30, c’est ce qui la démarque de ses concurrentes.

Des origines sombres…

L’amorce de ses origines est plutôt sombre. Certains risquent d’être choqués mais c’est Hitler qui soutient ce projet développé par Ferdinand Porsche dès juin 1934. Hitler veut proposer un équivalent allemand du principe de la Ford T : une voiture robuste et démocratique pour le peuple. Ferdinand Porsche, lui, à l’époque, a déjà assit sa réputation avec ses conceptions de monoplaces de courses performantes et il a l’argument de ne pas être juif…

En octobre de l’année 1934, le nom de « Volkswagen » est déposé.

Prototype et plan épargne perdant

De 1937 à 1938 plusieurs prototypes sont testés intensivement jour et nuit par des membres des SS. Du jamais vu en terme de mise au point d’un modèle. Au cours de l’année 1938 la production commence sous le nom Kfd-Wagen et non pas Volkswagen.

Evidemment toute cette mise au point technique et la mise sur pied d’une production représentent un coût énorme. Coût subventionné par le plan épargne population Kdf-Wagen proposé par l’état dont 336.000 personnes se retrouvent lésées… Au terme de ce plan, la personne aurait du se retrouver l’heureux propriétaire de cette charmante voiture.

Imminence de la guerre oblige, les travailleurs allemands sont mutés dans les forces armées. La production des voitures est interrompue. Elle est remplacée par une production de voitures militaires et également une production de voitures de course supervisée par le bureau d’étude Porsche.

Renaissance de la Volkswagen Coccinelle

Après la guerre les anglais réouvrent l’usine Volkswagen et sa production de Coccinelle en 1945. Leur but est de stimuler l’économie et la reconstruction de l’Allemagne par la production de cette voiture unique pour les forces alliées. Au passage, Ils rebâtissent l’usine Volkswagen et la ville Wolfsburg (au lieu de Arbeitsdorf). Cette production est importante car elle symbolise la renaissance : de la Coccinelle mais surtout du peuple allemand.

Les clefs de son succès

La Coccinelle s’envole vers les marchés extérieurs. Si bien que début des années 50, plus de 40% de sa production est destinée à l’exportation. Et dès 1957 elle représente le quart de la production automobile européenne. La « Bettle » fait un tabac aux Etats-Unis.

Elle représente à ce stade un modèle économique assez remarquable :

  • Modèle unique de voiture : les pièces de rechange sont à disposition
  • Peu d’améliorations techniques et esthétiques par rapport à ses concurrentes
  • Image forte de robustesse et de fiabilité
  • Modèle de production économique : elle est ce qu’on appelle en marketing une vache à lait (beaucoup de parts de marché pour peu de dépenses)

Bien qu’en 1972, la « Cox » est le modèle de voiture la plus produite dans l’histoire de l’automobile, les années 70 marquent le déclin du modèle. Notre Coccinelle toussote (à moins que ca ne soit le consommateur) et n’a pas su s’adapter au marché en pleine évolution et mutation. Elle est à présent associée à une voiture de tradition, de vintage et non plus de tendance. Sa production se termine en Allemagne en 1978 et au Mexique en 1985. Volkswagen a depuis réorienté son marché avec de nouveaux modèles.

La Volkswagen Coccinelle, plus qu’une voiture, une légende !

Cette voiture aura marqué les esprits. La Coccinelle a d’ailleurs son heure de gloire à Hollywood à travers plusieurs films de Disney où son doux prénom est Choupette. N’est ce pas une des plus belles déclarations d’amour à cette sympathique voiture ?

Un peu de Nostalgie avec la Volkswagen Coccinelle

Les années 90, empreintes d’une tendance rétro et un attachement aux traditions, permettent à Volkswagen de ressusciter le concept de la Coccinelle en proposant un modèle lifté. Mais comme on dit : la copie ne remplace jamais l’original. Ce qui est assez juste dans ce cas.

La voiture insecte du Coeur

Bref, la Coccinelle originale de Volkswagen est tel l’insecte dont elle porte le nom, universelle et sympathique par définition. Elle marque les esprits et le cœur. D’ailleurs notre cœur ne s’emballe-t-il pas un peu à la vue d’une de ces charmantes petites voitures ?

Sources :

FIELL Charlotte & Peter, « La Volkswagen Coccinelle 1938 » dans Design du XXe siècle, Paris, Editions Taschen, 2013, p.210-211.

GANNEAU Didier, Immortelle Cox, Vanves, Editions du Chêne – Hachette Livre, 2015, 167p

ET CREO, La Coccinelle de mon père, Evreux, Editions Atlas, 2011, 48p