Evolution Mode mais d’abord évolution de la pensée
Avant de rentrer dans le vif du sujet de cet article, je tiens à préciser une chose assez anecdotique. SCOOP : je n’ai jamais au grand jamais tout au long de mon adolescence et aussi une bonne partie de mon entrée dans l’âge adulte voulu suivre la Mode et ses dictats. L’esprit anticonformiste m’habitant, je rejetais toute forme de personnalisation envers une marque connue. Ce sont sans doute les restes de cet esprit qui me rendent peut-être plus critique et objective qu’une autre sur la Mode et son évolution. Jusqu’il y a peu, je trouvais même « ridicule » d’acheter un magazine spécialisé Mode. Magazine où les sujets de textes sont pratiquement inexistants et seules de multiples publicités pour les différentes marques remplissent les pages de ces magazines. Bref, je suis la preuve vivante qu’il ne faut pas prétendre être mordue de la Mode depuis toujours pour pouvoir s’y intéresser sérieusement.
Le gourou de la Mode a frappé
Alors comment me suis-je fait happer par ce gourou qu’est la Mode ? Assez simple, avec moi, tout part toujours de mon esprit curieux et observateur. J’ai commencé il y a quelques années par défi à chiner sur le net : un sac vintage Dior par là, des chaussures Burberry par ici, … Pour trouver des pièces authentiques, évaluer leur valeur et éviter les contrefaçons, je devais connaître les spécificités des marques. Une chose en entrainant une autre, j’ai dévoré tout ce que j’ai trouvé sur le sujet. Tendance que je dois certainement à mon géniteur que vous avez découvert dans l’article Ces merveilleux fous roulants dans leurs automobiles anciennes. En parallèle et très certainement influencée par ce processus, j’ai commencé à m’intéresser aux matières, aux différents types de vêtements, aux combinaisons et surtout aux possibilités. Car pour moi la Mode c’est l’incarnation des possibilités.
Définissons la Mode avant de partir dans son évolution
Revenons à présent à notre sujet de tête : la Mode. Commençons par la base, qu’est ce que la Mode ? La Mode vestimentaire désigne la manière de se vêtir, conformément au goût d’une époque dans une région donnée. C’est un phénomène impliquant le collectif via la société, le regard qu’elle renvoie, les codes qu’elle impose et le goût individuel. La définition parle d’elle-même et résume bien la chose. La Mode vestimentaire, tout comme le Design, est une photographie de la société à un moment bien précis. Et c’est là tout l’intérêt de se pencher sur ces sujets. Comprendre comment ce qui nous entoure, ce que l’on choisi et ce que l’on porte non pas « parle de nous » mais parle de notre Histoire.
Partons à présent sur l’évolution de la Mode
Tout comme je l’ai fait dans l’article consacré à l’explication du Design, je vais à présent résumer ci-dessous l’évolution de la mode féminine, des années 1900 à nos jours.
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Années 1900 -1919 :
silhouette en S, corsetée pour faire ressortir la poitrine et avoir une taille de guêpe. La femme de la haute société et de la classe moyenne (et oui il fallait avoir les moyens de suivre la mode du Luxe) sont condamnées à être enfermées dans un rôle de faire-valoir et de statut pour leur mari. En effet, ces toilettes luxueuses et extravagantes contraignent leurs mouvements et leur liberté. Elles doivent d’ailleurs être assistées dans presque chacune de leurs tâches et de leurs déplacements.
Naissance du sac à main à cette époque.
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Années 1920 :
Véritable libération des mouvements pour la femme qui va de pair avec le développement de l’automobile et l’euphorie de l’après-guerre. Vent de modernisme : on ne veut plus se contraindre et on veut vivre la vie à pleines dents. Les signes ostentatoires et le corset sont abandonnés. La silhouette féminine adopte un style plus androgyne et sportif : élancée, mince et une coupe de cheveux raccourcie «à la garçonne ». Vêtements confortables en coupe droite : robes tubes et jupes raccourcies au dessus du mollet, haut du corps ample et simple où la poitrine est à l’abri des regards.
La couturière Coco Chanel sera une figure de proue de ce mouvement d’émancipation de la femme.
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Années 1930 :
Le contexte du crash boursier de 1929, la montée en puissance d’Hitler et l’arrivée imminente d’une nouvelle guerre implique un retour à la sobriété combiné à un certain glamour hollywoodien pour les tenues de soirée. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à avoir une vie active et la mode s’adapte pour devenir plus pratique. Les formes sont remises en valeur par des coupes qui embrassent la taille. La jupe redescend à mi-mollet. Il y a une certaine recherche dans les détails des boutons, des broches, bijoux fantaisie et sacs qui mettent du peps dans ces tenues plus simples. La simplicité fonctionnelle des tenues du jour est remplacée par le glamour et la sensualité pour les tenues de soirée de style sirène. Dos nu, épaules découvertes, tombé de tissu fluide sur les courbes féminines.
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Années 1940 :
Guerre et restrictions obligent, le glamour laisse place à un style structuré, pratique, voir austère, influencé par les uniformes des forces armées. Vêtements droits, amples et résistants aux conditions difficiles de cette époque. Les tenues sont réglementées et n’échappent pas aux restrictions de guerre. Les matériaux nobles sont remplacés par des matières plus simples et les ornements inutiles sont tout simplement interdits. Ce contexte sera un véritable challenge pour les créateurs qui repousseront leurs limites d’inventivité et d’innovations.
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Années 1950 :
Retour aux sources et à la nostalgie des femmes apprêtées… On oublie ici le pratique et le décontracté, la société veut un retour à la féminité (victorienne) et à l’apparence soigneusement contrôlée de la tête aux pieds ! C’est le couturier Christian Dior qui traduira parfaitement ce constat en révolutionnant la mode par sa collection de 1947 « Corolle ». Le « New Look » est né. Epaule arrondie, taille de guêpe, superpositions de tissus, retour du corset et des jupons. Une tendance quelque peu à l’opposée de la femme devenue autonome et active. Mais la réponse à une société qui veut à nouveau rêver en grand, briller et surtout repeupler ses terres en remettant la femme au foyer par la même occasion… Tout est donc mis en œuvre pour expliquer à la femme comment être la parfaite maîtresse de maison avec le style approprié et surtout strictement réglementé !
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Années 1960 :
L’ère de la jeunesse ou la modernité minimaliste. La révolution des adolescents au début des années 6O est la conséquence du baby-boom sans précédent suivant la deuxième guerre mondiale. La nouvelle génération ne veut pas ressembler à leurs parents et tend à se libérer de toutes contraintes. Ceci se traduit également dans la Mode qui se réinvente radicalement : Minimalisme, simplicité, jupe raccourcie, couleurs vives, pop Art, formes graphiques, inspiration spatiale, introduction de nouveaux matériaux comme le plastique. Vers la fin des années 60, se crée, à contre-courant mais toujours dans l’idée de liberté, le mouvement hippie qui rejette le synthétique et les procédés industriels au profit d’un retour au naturel et à l’artisanat. Ce mouvement popularise et développe les friperies, brocantes et marchés au puces : le vêtement vintage est « cool » et représente l’anti-consommation prônée par les hippies.
La fin de cette décennie est aussi marquée par l’apparition du prêt à porter qui contribue à démocratiser la mode. Yves Saint Laurent fut un des premiers créateurs de haute couture à croire au potentiel de ce déplacement de la mode vers « la rue » en ouvrant en 1966 ses boutiques Rive Gauche.
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Années 1970 :
Cette décennie, marquée par la légalisation de la contraception (un grand pas pour la femme et son indépendance), est une des plus florissante en créativité et s’illustre par plusieurs styles distincts qui se croisent. La femme peut enfin affirmer sa liberté de corps à travers ces styles. On peut citer l’exploitation grand public de la vague hippie ethnique enclenchée à la fin des années 60. Dans cette décennie on passe aussi par la case punk que l’on doit essentiellement à Vivienne Westwood : couleurs voyantes et accessoires imposants. La mode disco n’est pas en reste et explose avec le film La fièvre du samedi soir où un certain John Travolta faisait alors palpiter le cœur, pour ne citer que lui, des jeunes femmes (aujourd’hui c’es certain il ne fait plus palpiter de la même manière…). Ce style disco est aussi très voyant : pantalons pat d’eph, imprimés et couleurs flashy, paillettes,…
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Années 1980 :
L’affirmation du pouvoir de la femme qui fait carrière à travers son style « amazone glam » : épaulettes larges, jupe raccourcie, talons vertigineux, sac surdimensionné. La femme des années 80 veut en « imposer ». La haute couture reprend ses lettres de noblesse en répondant parfaitement à cette envie de démontrer sa réussite et sa classe sociale à travers des tenues derniers cris.
Le streetwear mouvement hip hop et le sportwear vêtement de sport se développent fort dans cette décennie. L’un défend un message fort d’émancipation des noirs et de problèmes sociaux et l’autre représente la femme glamazone qui fait du sport dans des tenues seconde peau en Lycra (influence de l’aérobic et de la danse).
Les créateurs japonais marquent également cette décennie par des tenues mariant l’Occident et l’Orient.
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Années 1990 – Aujourd’hui :
Les années 1990 sont marqué par l’expansion du Sida.
De l’extravagance de la décennie précédente, on revient à une mode plus minimaliste et spirituelle. On se soucie de l’environnement et on rejette la consommation à outrance. Il y a une véritable volonté d’avoir également une Mode durable et éthique. Ce mouvement conduit aussi à la renaissance du savoir-faire allié aux dernières technologies qui permettent des choses et textures incroyables en Haute Couture.
Les années 2000 voient l’ascension fulgurante de l’e-commerce. L’achat en ligne a véritablement transformé la façon d’acheter mais aussi de vendre la Mode. Certaines marques proposent même une personnalisation du produit en ligne (DIY = design It yourself). Bref, tout semble possible et tout semble pouvoir se mixer, se mélanger : achat des vêtements deniers cris, personnalisation de chaussures, achat d’un sac Vintage, …
L’évolution Mode a encore de beaux jours devant elle
Ouf nous y sommes ! Ce n’était vraiment pas évident de résumer chaque décennie de manière claire et succincte, sans pour autant zapper les éléments essentiels. Et une fois n’est pas coutume, les différents ouvrages que j’ai consultés ne retracent pas du tout de la même manière l’évolution de la Mode, bien que les grandes lignes soient communes. Bref, cet article m’a pris beaucoup plus de temps que prévu en vérifications et regroupement d’informations afin de vous proposer une base digérée et cohérente, du moins je l’espère. Et c’est avec encore plus de plaisir que je vous développerai, par la suite, chaque décennie individuellement. Suite au prochain épisode…enfin article !
Sources :
Quintessence The Old Brewery , Tout sur la mode : Panorama des mouvements et des chefs-d’oeuvre, Paris, Editions Flammarion, 2013, 576p
RATAFIA Marcelle, L’ABC de la Mode, Editions Hachette Livre, 2018, 144p
FOGG Marnie, Sacs à main Vintage, Paris, KLS éditions, 2010, 223p
Fashionary, Fashionpedia – The visual dictionary of fashion design, Hong Kong, Editions Fashionary International Ltd, 2018, 336p
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